Vous êtes-vous déjà imaginé ce que l’on dirait de vous après votre mort ? La façon dont les gens commémoreraient votre souvenir ? Barbara avait toujours pensé, qu’une fois morte, elle serait regrettée autant qu’elle avait pu être aimée durant son vivant. Les gens la pleureraient longtemps et la ville lui érigerait un beau mémorial pour son implication dans la vie communautaire, son joli minois que tout le monde lui enviait et ses résultats scolaires que beaucoup rêvait d’égaler. Barbara imaginait la photo en noir et blanc, la plaque commémorative qui l’accompagnait, couleur bronze, lettres capitales ; « En souvenir de notre bien-aimée Barbara ».
Pourtant quand Barbara mourra vraiment le printemps dernier à la fête de Nick Thomas, tout le monde semblait un peu soulagé. C’est mal de se réjouir de la disparition d’une adolescente, mais celle-ci était différente à bien des égards. Sous ses airs angéliques et irréprochables, Barbara était une vraie garce. Tout le monde le savait, mais consentait. Alors quand on avait trouvé son corps sans vie, flottant dans le lac, au petit matin qui avait suivi la fête, le choc avait rapidement laissé place à la satisfaction inavouée. Elle ne s’était pas trompée, il y avait beaucoup de monde pour faire semblant de pleurer à ses funérailles et elle avait bel et bien eu le droit à un mémorial à proximité du lycée, qui avait été saccagé la nuit même de son inauguration par certaines de ses victimes probablement grisées par l’anonymat. La plupart des lycéens et même certains adultes de la communauté de Lakeview avaient une raison de haïr Barbara ou pour d’autres de la jalouser. Quand la Reine des abeilles d’une petite ville du New-Jersey est retrouvée assassinée, tout le monde devient le coupable idéal. Reine du lycée, reine des cœurs et reine des secrets, la belle savait tirer les ficelles et se faire craindre, même hors d’état de nuire son souvenir continue de hanter les rues de Lakewood, comme si le jeu du chantage n’avait jamais cessé.
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